Moral, sexe
La question du surpoids a été, décidément, l’objet de nombreuses avancées. Ainsi, l’observation d’une association avec une tendance dépressive et une dysfonction sexuelle.
Nous y reviendrons, ce n’est pas par contre nouveau, une majorité de personne en surpoids souffrent d’un mauvais contrôle pulsionnel, une dysfonction sérotoninergique qui les amène à manger plus, de manière impulsive, et sans savoir s’arrêter, en particulier des glucides et à être attirés par l’alcool pour certains. Et cette dysfonction est connue pour être associée à des dépressions.
La nouveauté est que la dépression a été découverte liée et à de l’inflammation et à un déséquilibre de la flore, et que le phénomène est particulièrement marqué chez les personnes en surpoids ou obèses.
Une flore déséquilibrée peut altérer la production des neurotransmetteurs dont dépend l’humeur.
Quant aux dysfonctions sexuelles, elles sont intriquées avec l’ensemble de ces facteurs, ainsi qu’avec les perturbateurs endocriniens et le surpoids lui-même, le tissu adipeux produisant des oestrogènes via les aromatases.
Or, l’insatisfaction sexuelle est une source de compensations – que j’appelle « prédations déplacées » – sur la nourriture et éventuellement l’alcool.
Sommeil
Les troubles du sommeil touchent eux plus de 30% des Français.
Or, les études sont claires : le manque de sommeil ou insuffisamment récupérateur est un facteur de :
dérèglements de l’appétit et d’obésité – de nombreuses études réalisées dans sept pays, dont la France, et sur de larges populations, ont montré un lien entre un sommeil court, l’élévation de l’indice de masse corporelle (IMC), et le risque d’obésité, à la fois chez l’adulte et l’enfant
phénomènes inflammatoires : les troubles du sommeil sont associés avec une élévation des marqueurs de l’inflammation comme la CRP (C réactive protéine) et une montée de NF kappa B, le chef d’orchestre des voies de l’inflammation
diminution de la libido et des fonctions sexuelles, la fragmentation du sommeil réduisant la production de testostérone
déficit de contrôle pulsionnel, une tendance augmentée aux dépendances
dépression dont le risque est multiplié par 4.
Comme vous pouvez le constater tout est lié.
Et ces facteurs se renforcent les uns les autres.
Conclusion : comme d’habitude, plutôt que d’adopter une solution « techno-réductionniste », il va falloir respecter le caractère multi-dimensionnel du surpoids et le manager par une approche globale.
Pour en savoir plus sur sommeil et surpoids :
Gangwisch JE et al, Inadequate sleep as a risk factor for obesity : analyses of the NHANES I, Sleep, 2005, 28:1289–96
Singh M et al, The association between obesity and short sleep duration : a population‐based study, Journal of Clinical Sleep Medicine, 2005, 1(4) : 357‐63
Logue EE et al, Sleep duration, quality, or stability and obesity in an urban family medicine center, J Clin Sleep Med, 2014, 10 (2) : 177-82
Knutson KL et al. The metabolic consequences of sleep deprivation, Sleep Med Rev, 2007, 11 : 163-178
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Vgontzas AN et al, Circadian interleukin-6 secretion and quantity and depth of sleep, J Clin Endocrinol Metab, 1999, 84(8) : 2603–7
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Brower KJ et al, Sleep Disturbance as a Universal Risk Factor or Relapse in Addictions to Psychoactive Substances, Med Hypotheses, 2010, 74(5) : 928–933
Michael R. Irwin et al, Sleep Disturbance, Inflammation and Depression Risk in Cancer Survivors, Brain Behav Immun, 2013, 30 (Suppl) : S58–S67.
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