Le sujet n’est pas nouveau, mais la publication du nouveau manuel DSM 5 de diagnostic des pathologies psychiatriques, relance avec virulence le débat.

Les experts de l’industrie pharmaceutique ont réussi à infiltrer et à rendre imperméable aux contributions et critiques extérieures le manuel de référence qui fait autorité dans de nombreux pays. 

Or, ce manuel « invente » chaque fois plus de nouvelles pathologies, rendant « psychiatrique », c’est-à-dire relevant d’une administration de psychotropes des troubles jusqu’alors considérés comme de simples différences psychologiques.

Cette surmédicalisation abusive a déjà porté ses fruits : dans chaque pays des millions de gens se retrouvent chroniquement sous psychotropes, alors que les effets négatifs des benzodiazépines, les plus communs, incluant l’augmentation du risque de maladie d’Alzheimer ont été dénoncés, même par les agences de santé.

« Aux Etats-Unis, où le mouvement anti-DSM a débuté, son fer de lance est aujourd’hui Allen Frances, le psychiatre qui avait dirigé la précédente édition (le DSM-IV), parue en 1994. Des instances professionnelles, dont une branche de l’Association américaine de psychologie, sont aussi montées au créneau. Et le 4 mai, c’est le prestigieux Institut américain de la santé mentale (National Institute of Mental Health, NIMH), le plus gros financeur de la recherche en santé mentale à l’échelle mondiale, qui s’est à son tour désolidarisé du DSM-5. « Les patients atteints de maladies mentales valent mieux que cela », a justifié son directeur, Thomas Insel, dans un communiqué, en expliquant que le NIMH « réorientait ses recherches en dehors des catégories du DSM », du fait de la faiblesse de celui-ci sur le plan scientifique.

En France, le combat est porté depuis trois ans par un collectif intitulé Stop DSM, constitué de professionnels proches du milieu psychanalytique. Ils s’insurgent contre la « pensée unique » du manuel, bien au-delà de sa dernière édition….

L’une des principales critiques, déjà ancienne, concerne la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur les experts participant à l’élaboration du DSM. Ces collusions ont été notamment décortiquées par l’historien américain Christopher Lane, dans son ouvrageComment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions (Flammarion, 2009), et plus récemment par le philosophe québécois Jean-Claude St-Onge, dans Tous fous ? (Ecosociété, 236 p., 19 euros).

Allen Frances, professeur émérite à l’université de Duke (Caroline du Nord), qui avait coordonné le DSM-IV, note plutôt « les conflits d’intérêts intellectuels » des spécialistes des groupes de travail, « qui leur font voir les bénéfices possibles mais ignorer certains risques ». Surtout, déplore-t-il, »le processus a été secret, fermé et incapable de s’autocorriger ou d’incorporer des réponses provenant de l’extérieur. Ainsi, les experts ont rejeté l’appel de 57 associations de santé mentale qui proposaient un examen scientifique indépendant….​

Pour Allen Frances, les risques de surdiagnostic et donc de surmédicalisation sont cependant bien réels, surtout chez les enfants. »Quand nous avons introduit dans le DSM-IV le syndrome d’Asperger, forme moins sévère d’autisme, nous avions estimé que cela multiplierait le nombre de cas par trois. En fait, ils ont été multipliés par quarante, principalement parce que ce diagnostic permet d’avoir accès à des services particuliers à l’école et en dehors. Il a donc été porté chez des enfants qui n’avaient pas tous les critères. »

Face à ces périls, le psychiatre américain invite les médecins à boycotter le DSM, et les patients à devenir des consommateurs informés. « Posez des questions et attendez des réponses claires. N’acceptez pas de médicaments prescrits nonchalamment pour des symptômes légers et transitoires qui vont probablement se résoudre d’eux-mêmes », préconise-t-il. Des conseils de bon sens qui peuvent s’appliquer bien au-delà des maladies mentales » (Sandrine Cabut, Le Monde, 13 Mai 2013)

Il existe par ailleurs pour les troubles liés au stress, l’anxiété, les troubles du sommeil, la dépression, l’hyper-actiivité, des solutions non médicamenteuses que nous détaillerons sur ce site. Et même dans les pathologies plus graves, comme l’autisme et les psychoses, des recours, qui peuvent parfois éviter les médicaments, augmenter leur efficacité et réduire les doses et les durées de prise.

 

Pour en savoir plus :

 Christopher Lane, Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions (Flammarion, 2009)

 Jean-Claude St-Onge, Tous fous ?

Une critique du magazine de référence Scientific American www.scientificamerican.com/article.cfm?id=new-dsm5-ignores-biology-mental-illness

 

0 commentaires

notrepoisonquotidien couverture

Les agriculteurs premières victimes des pesticides

Sir 140 000 tonnes de pesticides répandus en Europe, 80 000 le sont en France. 1 à 3 millions de personnes intoxiquées et 200 000 décès par an...
omega-force-3-olive bouteille

Des oméga trois sans manger de poisson ?

Suite à la question suivant de Véronique Vienne sur ma page Facebook "Pouvons nous supprimer le poisson de notre alimentation et prendre...
fruitsantioxydants image

Le danger des antioxydants pris séparément

L'Etude SELECT montre que la vitamine E toute seule peut avoir un effet négatif dans le cancer de la prostate. Ce n'est pas tellement nouveau. Les...
FIBROMYALGIE POINTS photo:radio

Hiérarchiser les compléments pour la fibromyalgie

Suite à une question de Chery qui se sent submergée par le nombre de compléments prescrits par son centre anti-douleur : La fibromyalgie étant...
PHOTO SURPOIDS PLI VENTRE

SURPOIDS : IMPORTANCE D’UNE ALIMENTATION ANTI-INFLAMMATOIRE

Les moyens principaux de lutter contre l’inflammation :  réduire les excès de viandes, pro-inflammatoire à la fois par le fer, l’acide...
margose

Retour d’Okinawa

Comment accomoder Goya et Natto Difficulté: 0 Temps de préparation: 20 min Temps de cuisson: 30 min Nombre de personnes: 4 personnes...
i-love-bidoche photo

To meat or not to meat ? (les études)

Les média français se sont enfin saisis de la question.  Consommons nous trop de viandes ? Je vous propose un petit voyage à travers des études...
HARICOTS ROUGES

Terrine aux senteurs andines

PLAT COMPLET GOURMAND FACILE A REALISER Difficulté: 1 Temps de préparation: 10 min Temps de cuisson: Aucune Nombre de personnes: 4 personnes...
Okinawa ancienne karate

Stratégies pour augmenter son espérance de vie en bonne santé

1) Le dépistage  La plus classique et la seule stratégie vraiment en place en médecine consiste à faire du dépistage. Celui ci est actuellement...
CERVEAU IMAGE

Protéger son cerveau

 Suite à une question de Sylvie Deschamps sur le fait qu'on trouve 10 fois moins de démences chez les Anciens d'Okinawa que chez nous. C'est...

Archives

A PROPOS DE JEAN PAUL CURTAY

Le Dr Jean-Paul CURTAY, de renommée internationale, est un des pionniers de la nutrithérapie. Il a créé en France la première consultation dans cette discipline médicale nouvelle.