6ème acte : rivières empoisonnées
On compte en 2013 550 sites terrestres en France contaminés par les PCB (polychlorobiphényles) ou « pyralènes », interdits dans notre pays depuis 1987, mais extrêmement persistants.
On le retrouve dans les nappes phréatiques, les rivières et la mer.
Dans l’ignorance de leur toxicité, les PCB ont été utilisés « pour tout et partout », dans des équipements lourds comme transformateurs, condensateurs électriques, radiateurs à bain d’huile, huiles de camions et une kyrielle de petits appareils dont on estime que 500 000 sont toujours en circulation en France, dans de nombreux produits dispersifs comme asphaltes, résines, linoléum, caoutchoucs, joints, peintures, encaustique, produits antirouille, encre d’imprimerie (ce qui fait qu’on les retrouve dans les cartons recyclés utilisés comme emballages alimentaires sur la toxicité desquels un chercheur suisse a donné l’alerte – encore une fois à la place des institutions qui devraient nous protéger), adhésifs, textiles…
Le Ministère de l’Ecologie espère arriver à une élimination progressive d’ici… 2025, mais quand on considère que des centaines de décharges en France en contiennent, les percolant dans les nappes phréatiques et les rivières, on peut douter que ces objectifs soient atteints sans des mesures plus musclées.
A la fin des années 90 la France en détenait autour de 45 000 tonnes.
Ces PCB qui ont été aussi directement rejetés par des usines dans les rivières se sont concentrés dans les sédiments de toutes les rivières et côtes françaises, au point que des dépassements de concentration amènent chaque année à l’interdiction de pêche dans l’ensemble des régions de France, interdictions dont le nombre augmente chaque année.
40% de 852 prélèvements réalisés dans la Seine(en aval de Rouen), la Loire, l’Allier, le Rhin, la Moselleet les canaux de l’Artois-Picardieont été estimés « préoccupants ».
Ils ont été émis sous forme de dioxines par les émanations insuffisamment filtrées des usines d’incinération d’ordures (sur ce point les mesures adéquates semblent avoir été prises).
Ils sont aussi diffusés par l’air à partir d’autres sources et donc inhalés, par l’eau et bioconcentréspar les animaux (surtout dans leurs graisses), ce qui fait des poissons et des fruits de mer, mais aussi à un moindre degré des œufs, des produits laitiers et des viandesla source majeure d’exposition humaine.
Nous les stockons ensuite dans nos graisses. Dans une étude réalisée chez 1259 femmes enceintes, le sang de 95% d’entre elles contiennent des PCB. On le retrouve aussi dans le lait maternel, qui le transfèrent ainsi à leurs enfants.
Une étude faite en 1989 chez 285 enfants de 4 ans du Michigan constate que le sang de 50% d’entre eux contenait des PCB. Ces derniers étaient de plus susceptibles d’agir en synergie avec d’autres toxiques ou perturbateurs endocriniens tels que des polybromobiphényles(PBB) trouvés dans 13 à 21 % des mêmes sérums et avec le DDTretrouvé dans plus de 70 % d’entre eux.
Une étude réalisée en 2011 dans le cadre du Plan National Nutrition Santé,révèle que les Français ont des taux de PCB supérieurs aux Allemands et 4 à 5 fois supérieurs
à ceux des Américains. Une autre menée chez les pêcheurs de poissons de la Seine, du Rhône et de la Somme, observe une contamination multipliée de 4 à 5 par rapport aux autres.
Les PCB sont des oestogènes-like qui interfèrent avec la différenciation sexuelle in utero, provoquant des malformations génitales, parfois à l’infertlité, c’est donc aussi un reprotoxique.
Autres conséquences sur la croissance : réduction de la taille, du poids et retard de l’âge gestationneldu nouveau né, retards de développement du très jeune enfant, sur le développement cérébral et intellectuel du jeune enfant – en découlent des déficits cognitifs avec perte de plusieurs points de QI.
Sur la neuroprotection des personnes âgées, le tiers de celles qui sont le plus contaminées subissant une neurodégénerescence plus précoce de 9 ans par rapport au tiers les moins contaminées
Sur la cardioprotection, l’épaisseur des artères carotides étant négativement affectée par les PCB.
Sur les risques de cancers qui sont augmentés.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Polychlorobiphényle
Atlas des sites terrestres pollués aux PCB en France www.robindesbois.org/PCB/PCB_hors_serie/ATLAS_PCB.html
7ème acte : biberons et emballages alimentaires
Comme si tout cela ne suffisait pas on reçoit en pleine poitrine au début des années 2000 la nouvelle que les tubulures des dispositifs médicaux transmettent du bisphénol A (BPA),un plastifiant aussi perturbateur endocrinien.
Or, il est aussi présent dans les tétines des biberons, comme le met en avant l’ASEF, l’Association Santé Environnement France, créée par des médecins préoccupés par la santé environnementale.
En France, en 2008 ils sont encore présents dans 90% des biberons et l’AFSSA affirme qu’il est sans dangeralors que le Canada l’a déjà interdit.
Deux ans plus tard, devant l’accumulation des études, tout en prétendant que ce n’est pas une « urgence sanitaire », l’AFSSA reconnaît qu’il y a bien des effets préoccupants.
Puis le problème prend un toute autre ampleur quand on réalise que le bisphénol A se trouvent dans les emballages alimentaires en plastique, les revêtements internes des conserves et cannettes, qu’ils migrent avec facilité dans les huiles, sauces, margarines, plats préparés contenant des graisses… on peut aussi en capter à travers la peau en touchant des tickets de caisse ou des reçus de cartes bancaires…
Quant aux phtalates, un autre perturbateur endocrinien, on en trouve dans des médicaments, des cosmétiques, les films alimentaires, les détergents, les jouets, les sex toys…
Les phtalates peuvent représenter plus de 50 % en poids pour les articles souples comme les nappes ou les rideaux de douche.
On les trouve dans des milliers de produits courants en PVC : couches, chaussures et bottes, lunettes, casques, textiles imperméables, cuirs synthétiques, encres d’imprimerie, détergents. Ils sont présents dans des matériaux de construction, d’ameublement et de décoration, d’où ils se relarguent dans l’air, par exemple sous l’effet des rayons UV. (a ce propos une règle simple : tout ce qui est en plastique doit être mis complètement à l’abri de la lumière – étant donné ce qu’il y a comme plastiques dans chaque piècfe, il y a de quoi faire !)
Comme le BPA ils migrent facilement dans les aliments gras, ce qui en amène en moyenne à chaque français par cette voie 0,25 mg par jour.
Les fromages sont l’une des catégories d’aliments qui ont été trouvées les plus touchées.
On produit chaque année dans le monde des millions de tonnes de BPA et de phtalates, qui sont retrouvés même dans les fourmis des régions les plus isolées de la forêt amazonienne !
Les études chez l’animal, les fœtus, les enfants et les adultes de ces perturbateurs endocriniens très présents, mettent en évidence avec des degrés de preuve plus ou moins forts encore, étant donné le retard avec lequel ces substances qui ont envahi le monde ont été testées sur le plan toxicologique, des effets délétères sur
le développement in utero
le développement cérébral
les défenses immunitaires
l’inflammation (augmentation des cytokines, messagers qui activent les globules blancs)
le tissu adipeux et les risques de surpoids et de diabète
le système cardiovasculaire
la prolifération des tissus mammaires, utérins et prostatiques, ce qui est potentiellement un facteur de risque de cancers sur ces organes
les ovaires (plus de kystes des ovaires chez les animaux)
la production de spermatozoïdes et les testicules
le tube digestif sur lequel il altère la frontière digestive, ce qui favorise inflammation et intolérances alimentaires, peut amplifier des pathologies inflammatoires, allergiques et comportementales comme l’hyperactivité et l’autisme
le foie
la thyroïde (chez les animaux)
la maturation psychoaffective, via une interférence avec deux neurotransmetteurs essentiels au contrôle des pulsions et à l’empathie, la sérotonine et l’ocytocine.
Par de tels effets, ces perturbateurs endocriniens pourraient contribuer à expliquer l’explosion de cas d’intolérance alimentaire, d’hyperactivité, d’autisme,de troubles du comportement pulsionnel associés à des comportements de dépendance et auto-destructeurs (sucré, alcool, tabac, drogues), de surpoids, de troubles de l’attachement, de conduites violentes et anti-sociales que connaissent les sociétés les plus industrialisées.
En interdisant à partir de 2013 le BPA dans les aliments pour bébés et de 2015 dans les autres, la France prend pour une fois un peu d’avance dans la protection de la santé par rapport à ses voisins.
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bisphénol_A
http://fr.wikipedia.org/wiki/Phtalate
Le petit guide santé du bio-bébé
www.asef-asso.fr/attachments/article/375/livretbiobebe060315.pdf
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