Le distilbène distille son poison dans le ventre des femmes enceintes
Le diéthylstilbestrol(DES) est un médicament aux propriétés oestrogéniques puissantes qui a été utilisé depuis 1938 chez les femmes qui faisaient soit des fausses couches, soit des accouchements prématurés.
Malgré des études qui montrent que ce traitement est inefficace, la pratique persiste. Il faut attendre plusieurs dizaines d’années avant de constater chez les enfants de ces femmes traitées par le distilbène
chez les filles, dès la puberté, des malformations génitales (cervico-vaginales, utérines, plus rarement des trompes), des risques augmentés de cancerdu vaginet de l’utérus et de nombreux cas de stérilité (plus du double que chez les autres), complications de la grossesse et grossesses extra-utérines ;
chez les garçons des cas de sténosede l’urètre, des kystes de l’épididyme, des malformations de l’urètrequi s’ouvre sur la face inférieure du pénis ou lieu de s’ouvrir à l’extrêmité (hypospadias), des testiculesnon descendus (cryptorchidie), et des cas d’hypotrophie testiculaire ainsi qu’une diminution de la qualité du sperme(oligospermie) pouvant aussi se solder par une infertilité ; chez filles et garçons un doublement des troubles anxio-dépressifs.
Encore plusieurs dizaines d’années plus tard, on découvre chez les descendants de ces « enfants distilbène » un effet transgénérationnel : les petits-enfants des femmes traitées avec cette hormone de synthèse, prescrite pour prévenir les fausses couches, sont 40 à 50 foisplus exposés au risque de l’hypospadias et plus exposés au risques d’autres malformations diverses.
Par manque de recul, on ne peut pas encore savoir
si les arrière-petits-enfants et leurs descendants continueront ou non à être victimes de ce médicament perturbateur endocrinien reçu par leur ancêtre.
Après nombre de dénis, silences et atermoiements, la France interdit en 1977 la prescription chez les femmes enceintes.
Le nombre exact de femmes enceintesayant pris du DES est estimé à 4 millions aux États-Unis, 300 000 aux Pays-Bas, et 8 000 au Royaume-Uni.
En France, ce chiffre tourne autour de 200 000 femmes, sur une période de 25 ans.
En tenant compte des avortementset de la mortalité périnatale(20 % des grossesses), on estime que 160 000 « enfants distilbènes » sont nés en France.
La plupart des victimes n’ont jamais été indemnisées. Selon Anne Levadou, présidente de l’associationRéseau DES France : « Ces femmes s’occupent en priorité de soigner leur cancer…. Le poids d’une bataille devant les tribunaux les dissuade d’agir ».
Le DES a été utilisé larga manu dans les élevages d’animaux ce qui n’a été définitivement interdit en France qu’en 1984.
Des études environnementales montrent un forte persistance de ce toxique dans les eaux polluées par les rejets humains et animaux.
Pour en savoir plus :
Mahé V, Distilbène : des mots sur un scandale, 2010, Albin Michel
http://fr.wikipedia.org/wiki/Diéthylstilbestrol
TBT : panique chez les ostréiculteurs
Les ostréiculteurs constatent dans les années 70 une chute drastique de la production d’huîtres qui passe de 15 000 à 3000 tonnes.
Les scientifiques observent des malformations sur les coquillages déformés (« chambrage »), un effondrement de la fertilité, des anomalies des embryons et des larves…
Les coupables ne sont épinglés que dans les années 80 : les tributylétains ou TBT, des additifs aux peintures des bateaux utilisés comme « antisalissures », mais aussi comme pesticides, antifongiques, agents de traitement du bois, dans les papeteries et les industries utilisant de la pâte de bois, dans l’industrie textile, les systèmes hydrauliques industriels, tels que les tours de refroidissementet les systèmes de réfrigération d’eau, ainsi que dans les brasseries.
En 1982 la France a la première à interdir l’emploi des TBT sur les bateaux, mais uniquement pour les coques de moins de 25 m de long..
En 1999, une résolution internationale par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) a été proposée interdisant les peintures antifouling à base d’étain à partir de 2008.
Mais leurs molécules de dégradation persisteront longtemps dans les sédimentsdes ports et sur les sites d’immersion de boues de dragageainsi qu’en aval et ils restent utilisés dans de nombreux autres domaines.
Selon l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), des tributylétains servent encore
comme antifongique(anti-moisissure) dans l’industrie du papier, du cuir et du textile et dans les circuits de refroidissement ;
comme désinfectantet biocidedans les tours de réfrigération et les centrales électriques, en milieu hospitalier, etc…
comme répulsifpour rongeurs ;
comme anti-parasitairedans la brasserie et la maçonnerie.
comme biocide certains produits grands publics (oreillers anti-allergéniques, aérosols pour les pieds) ;
comme biocide pour des fibres textiles ;
comme catalyseur dont des traces pourraient subsister dans le cuir, le polyuréthane, le polyacrylate) ;
comme élément dans des produits pharmaceutiques ou certaines mousses polyuréthanes.
L’Agence Danoise de l’Environnement a détecté du TBT dans des produits de grande consommation en PVC, qui pourraient être des impuretés de composés utilisés comme additifs stabilisants du PVC.
En France, dans le bassin Adour-Garonne,une augmentation ponctuelle des taux de TBT (> 10 ng/l) a été mesurée dans l’eau en aval des stations d’épuration.
Il a été démontré qu’ils ont des effets reprotoxiques chez 70 espèces de gastéropodes immuno-dépresseurs chez les poissons
Pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tributylétain
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