Suite à l’émission Cholestérol le grand bluff qui a apporté des détails sur les manipulations réalisées par l’industrie pharmaceutique, je vous propose de revoir le fond de la question en plusieurs articles issus de dossiers rédigés pour Santé Nature Innovation.
CHOLESTÉROL : L’EMBROUILLE DU SIECLE
Faire baisser le cholestérol.
Un des chevaux de bataille préférés de la pratique médicale ces 30 dernières années. Et une poule aux œufs d’or pour l’industrie pharmaceutique : près de 7 millions de Français ont été mis sous statines, les médicaments anti-cholestérol en tête du hit-parade, un quart des américains de plus de 40 ans… : au total plus de 200 millions de personnes dans le monde.
Les statines ont entraîné les bénéfices les plus élevés de tous les temps jamais encaissés pour des médicaments. Une seule d’entre elles, le Lipitor (en France Tahor) a rapporté plus de 130 milliards de dollars depuis son lancement en 1997.
Or l’obligation de publication de toutes les études cliniques et leur ré-examen (jusqu’alors celles qui aboutissaient à des résultats négatifs restaient pour la plupart dans les tiroirs), révèlent que les effets des statines sont sur la mortalité cardiovasculaire, ne sont pas, dans la plupart des études, au rendez vous.
Pire elles interfèrent avec la plupart des voies vitales pour l’organisme et entraînent une multitude d’effets secondaires indésirables affectant les muscles, le cerveau, le foie, la sexualité, augmentant le risque de diabète…
Petite histoire du cholestérol
Le cholestérol est découvert sous forme solide dans les calculs biliaires en 1758 par François Poulletier de La Salle. En 1814 le chimiste français Eugène Chevreul, fondateur de la biochimie lui donne le nom de « cholestérine ».
Dès le milieu du XIXème siècle, le grand anatomo-pathologiste Rudolf Virchow observe la présence de cholestérol dans les parois d’artères atteintes d’athérome. C’est aux russes Anitschkow et Chalatow que l’on attribue l’hypothèse que le cholestérol est impliqué dans le processus d’athérome. Mais en y regardant de plus près on réalise que la majeure partie des travaux d’Anitschkow était en fait sur l’inflammation et le rôle des globules blancs qui infiltrent la paroi artérielle.
L’épidémiologiste américain Ancel Keys publie en 1954 l’Etude des 7 pays, montrant une corrélation entre la quantité de graisses consommées et la mortalité cardiovasculaire. Il s’avère que cette étude comportait des biais. Néanmoins avec le recul – Ancel Keys s’en aperçoit lui-même – son étude objective en fait les effets positifs du modèle méditerranéen, qui est global, caractérisé par très peu de viandes, un peu de poisson, beaucoup de végétaux, du vin et de l’activité physique.
Il écrit en 1975 un livre pionnier How to eat well and stay well the Mediterranean way.
Une leçon dont il bénéficie puisqu’en le suivant il vivra jusqu’à 101 ans.
Framingham, une petite ville américaine proche de Harvard qui avait déjà été l’objet d’une étude sur la tuberculose est choisie en 1948 pour une étude long terme (poursuivie de nos jours), sur les facteurs de risque cardiovasculaires. Elle met en évidence entre 1957 et 1971 quelque chose qui n’est aujourd’hui plus ni contesté, ni contestable, l’importance de l’hypertension artérielle dans les risques d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral. Puis en 1974 le diabète comme facteur de risque et en 1977, le cholestérol, mais avec un effet protecteur d’un taux plus élevé de cholestérol HDL, une nuance qui a été pendant longtemps négligée.
L’industrie pharmaceutique et à sa suite les autorités de santé publique ne retiennent que l’athérosclérose est dûe à une accumulation de cholestérol dans les parois artérielles, qu’il faut doser le cholestérol total et le faire baisser s’il est élevé.
En 1954, le chercheur français Jean Cottet réalise que des ouvriers agricoles intoxiqués par le pesticide qu’ils répandent dans les champs ont un taux de cholestérol qui s’est effondré. Un de ses amis chimiste de l’Imperial Chemical Industries, Michael Oliver, synthétise un médicament dérivé de ce pesticide, le clofibrate. Le test de cette molécule sur des rats puis des patients confirme son effet hypolipémiant.
(Soit dit en passant une filiation intéressante : les pesticides sont dérivés des gaz de combat, le clofibrate des pesticides).
L’Organisation Mondiale de la Santé réalise un essai clinique sur 15 000 européens pour évaluer l’effet du clofibrate sur la prévention de l’infarctus mais cette étude est négative, l’essai devant même être arrêté prématurément, le groupe sous clofibrate faisant plus d’infarctus que le groupe sous placebo.
Malgré cette étude réfutant le lien entre baisse du cholestérol et réduction des risques cardiovasculaires, une famille de molécules médicamenteuses hypolipémiantes dérivées de ce médicament est lancée, les fibrates.
Quand on n’a pas envie de voir, on ne voit pas. La suite de l’histoire démontre que le même principe prévaut encore aujourd’hui, et ce, malgré tous les scandales qui tombent chaque année sur l’industrie pharmaceutique. Même celui du Médiator n’y a pratiquement rien changé.
L’industrie s’empare d’une nouvelle famille d’hypolipémiants, les statines découvertes fortuitement en 1973 par des chercheurs japonais essayant de créer un nouvel antibiotique. Mises sur le marché dans les années 80 elles vont éclipser les fibrates et connaître le « succès » que l’on connaît. Un « succès » rebaptisé par Michel de Lorgeril, cardiologue, chercheur au CNRS célèbre pour des études qui ont eu un retentissement international sur les oméga 3, le vin et le modèle méditerranéen, le « cholestérol délirium ».
Un délire qui affecte encore aujourd’hui la grosse majorité des cardiologues, des médecins et même des autorités de santé publique, qui ont été extraordinairement efficacement manipulées par les rouleaux compresseurs de Big Pharma, même si ces toutes dernières années, suite au courage de quelques lanceurs d’alerte aux Etats-Unis et en Europe, le dogme intouchable qui a dominé depuis 30 ans commence enfin à être discuté sur « pièces à conviction ». C’est ce que nous allons faire ensemble.
L’étude de l’Organisation Mondiale de la Santé : WHO cooperative trial on primary prevention of ischaemic heart disease with clofibrate to lower serum cholesterol : final mortality follow-up. Report of the Committee of Principal Investigators, Lancet, 1984, 2, 8403, 600–604
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